N147, ligne de fuite

N147, ligne de fuite ( titre provisoire )

un film de Nathalie Nambot
Image 16MM Nicolas REY
Production Horizon Inverse
Delphine Voiry-Humbert, Marie Cosnay

“La main à plume vaut la main à charrue
Quel siècle à mains — Je n’aurai jamais ma main.”
Arthur Rimbaud

La pelle à blé extrait Marie Cosnay
(…)
« Nathalie revient. Elle attrape des lumières, une poule, une couleur vive qui tranche sur le grain de l’enfance, sur sa beauté. Je comprends soudain ce qu’est la nostalgie, je croyais que ça voulait dire qu’on voulait revenir, je crois maintenant que c’est la douleur d’être de retour et de comprendre seulement alors qu’on est bel et bien parti, que ça a eu lieu. Que c’est irrémédiable. Le grain fait le voile des larmes. Et rend la douceur des gestes. De chaque geste. Chaque geste, dont on sait qu’il a été rude, nimbé de lumière.

Quand Ulysse revient dans son pays, et combien il en a rêvé, la première chose qu’il dit à sa femme, alors qu’il va après vingt ans se coucher auprès elle : il va repartir. Il n’a pas le choix ; c’est Tirésias qui lui a fait cette prophétie, aux Enfers. Il devra, pour trouver un peu de paix dans sa vieillesse, aller au pays où personne ne reconnaîtra la rame qu’il porte sur le dos. Où on la prendra pour une pelle à blé. Il devra s’étrangifier.

Eh bien nous, qui avons tellement rêvé de partir, quand nous revenons, nos rames sur le dos, il nous faut peut-être, pour trouver la paix comme Ulysse, apprendre à reconnaître la pelle à blé et l’enclos des poules. Apprendre à la trouver belle, la pelle à blé, nimbée de lumière comme elle est.

Je ne sais pas si nous serons en paix, mais nous serons de retour. »

ALCA Nouvelle-Aquitaine / écriture / développement
Scam Brouillon d’un rêve